ETHIQUE ET INNOVATION : UNE PHILOSOPHIE D’ENTREPRISE VISIONNAIRE

L’innovation s’accompagne d’une exigence et d’une responsabilité. Anticiper les besoins de demain, répondre aux défis du futur, tout en apportant une dimension éthique aux nouvelles technologies qui accompagneront notre quotidien : voici un nouveau challenge à relever en ce 21e siècle tant agité, auquel il est urgent, de redonner du sens …

Science sans conscience, n’est que ruine de l’âme

Rabelais, penseur visionnaire et précurseur nous interpellait déjà au 16e siècle, autour d’une dimension qui refait surface, généralement en temps de crise où l’on revient aux valeurs essentielles et aux fondamentaux : l’éthique et le sens.
Réconcilier les capacités scientifiques et leur acceptabilité morale est aujourd’hui un défi lancé par les citoyens en demande d’un monde plus respectueux de leurs droits, de leurs données, mais aussi par des entreprises dont cette dimension éthique est un marqueur fort de leur ADN. Au-delà de la rentabilité économique, ces entrepreneurs engagés et convaincus, sont avant tout des visionnaires à l’image de Walt Disney rêvant de répandre le bonheur à travers le monde, ou du laboratoire Merck fondant son empire avec la volonté de préserver et d’améliorer la vie humaine …

Ethique by design

Pour innover, il faut avoir une vision de l’avenir et foi en l’humain. Pour réfléchir sur les comportements à adopter pour rendre le monde humainement habitable, qui n’est autre que la définition de l’éthique, se projeter dans l’avenir et porter un regard à 360° sur la société qui nous entoure est essentiel.
« Si l’on veut être une organisation en phase avec les attentes de la société actuelle, l’éthique est un axe différenciant primordial pour une entreprise innovante, j’en suis convaincu » souligne Pierre Oger, Directeur Général d’EGERIE.
Mais cela ne se décrète pas. « C’est une valeur qui vous anime, qui vous porte dès le début de votre aventure entrepreneuriale. C’est une conviction profonde qui donne naissance à des innovations majeures. Conjuguer innovation et éthique, c’est aussi ouvrir à la créativité, à la prise de risques, à l’intelligence collective, au respect de valeurs essentielles qui feront de votre innovation un succès en générant de la confiance. Les entreprises qui ont intégré cette notion « d’éthique by design », par conviction et non par nécessité, assurent leur pérennité » Ajoute Pierre Oger.

Aspiration of users

En situation de crise comme celle que nous traversons actuellement, chacun d’entre nous, en qualité de citoyen, de collaborateur d’entreprise ou tout simplement d’humain cherche à revoir son appréhension de l’éthique. Et le numérique, et ses réseaux ouverts nous interroge tout comme la protection de nos données surtout à caractère personnel ou confidentiel.
« Les attentes en matière de respect des valeurs fon­damentales ont commencé à changer et les débats qui ont animés notre actualité ces derniers mois comme l’identité numérique, le tracking, la reconnaissance faciale ou encore l’intelligence artificielle en sont quelques illustrations. »

À ce sujet, l’entrée en vigueur du RGPD a non seulement fait de l’Europe un pionnier de ces valeurs protectrices mais a également ouvert la voie à des considérations humaines au-delà des aspects technologiques. « Bien entendu, le numérique bouleverse aujourd’hui notre système de valeurs et l’éthique est, malheureusement, plus souvent invoquée comme slogan publicitaire, une sorte de label « responsable » auto-attribué. Chez EGERIE nous ne concevons pas l’éthique de cette manière. Nous la portons comme une valeur fondamentale et nous la déclinons aussi bien dans la conceptualisation de nos solutions que dans nos actions. » Et d’ajouter, «Pour susciter son adoption l’éthique doit être replacée au cœur de ces innovations. Elle sera un gage de succès collectif»

Ethique, valeur refuge ?

La société contemporaine nous impose un rythme effréné, une course permanente à l’innovation, au profit et à la rentabilité. L’éthique peut-elle vraiment agir comme antidote à la maximisation du profit à tout prix ? « C’est une vraie question. Cette société, nous avons le choix de la subir ou de l’influencer vers de nouveaux modèles » commente Pierre Oger. En replaçant les valeurs et l’éthique au cœur des préoccupations et des enjeux vitaux de notre 21e siècle, « En faisant de celles-ci des indicateurs de valeurs clés au même titre que le sont aujourd’hui, le chiffre d’affaires ou le bénéfice, l’éthique pourrait bien devenir une valeur refuge dans laquelle on décide d’investir » ajoute-t-il

L’humain, porteur de sens ?

Les technologies ne sont pas porteuses de sens en soit, mais les hommes qui les imaginent, les inventent et les développent, et les utilisent, eux oui. « C’est en effet l’homme qui donne du sens à ces innovations technologiques. C’est une grande responsabilité qui nous incombe » souligne Pierre Oger et d’ajouter « Chez EGERIE, l’éthique est une valeur qui nous anime depuis nos débuts. Nous l’avons intégrée aussi bien dans la délivrance de nos services à nos utilisateurs que dans la philosophie même de l’entreprise. Nous la déclinons donc en externe comme en interne et ce dès le processus de recrutement ou dans le management quotidien des équipes. En partageant ces valeurs nous envoyons un message fort à l’ensemble de la communauté. Cette notion de partage porte tout un modèle. C’est une aventure technologique innovante et profondément humaine autant qu’une réussite économique. »
L’éducation et la formation à l’éthique sont un autre défi de notre temps auquel certains Etats, comme le Canada, répondent déjà au travers de nombreuses formations en cyber et en numérique intégrant un volet majeur dédié à l’éthique. « Cette dimension est vitale pour l’avenir. En matière de numérique et de formation à la cyber, la France est encore un peu à la traine même si nous voyons plusieurs cursus se généraliser dont certains ont bien intégré cette notion d’éthique. Mais il faut aller encore plus loin car la jeune génération d’aujourd’hui compte nos leaders de demain et l’éthique devra guider leurs décisions ».

L’Europe, l’échelon décisif

L’Europe dispose d’une vraie force d’innovation et de valeurs éthiques fortes. Des forces permettant en théorie de peser sur la scène numérique mondiale. Mais pour devenir réalité, l’Europe doit disposer d’une puissance économique suffisamment dimensionnée. À la faveur de ce qui se passe pour affronter cette pandémie, où les ministres des Finances européens ont adopté conjointement un plan de relance de 540 milliards d’euros, seraient-ils à même de prendre la même initiative pour le numérique, et sa sécurisation, dont l’importance est décuplée en ces temps ravageurs ? « Dans cette lutte pour un cyberespace plus sécurisé, il est urgent de penser « collaboratif » avec une dimension européenne affirmée. C’est un enjeu de souveraineté tant numérique qu’économique » Pierre Oger.
Constat partagé par un collectif d’entrepreneurs et de décideurs du numérique français qui engage le gouvernement à mettre la priorité sur la souveraineté afin d’accompagner les efforts de transformation digitale et d’industrialisation 4.0 qui se feront plus pressants encore après la crise du Covid-19. « Il existe des solutions alternatives européennes et souvent françaises à tous ces services numériques américains. Nous appelons à un sursaut salutaire pour faire de cette crise et de la reconstruction qui s’en suit, une opportunité de reprendre notre souveraineté numérique avant qu’il ne soit trop tard. » Signe le collectif.
Et Cedric O, secrétaire d’Etat au numérique, d’appeler au cœur de l’hémicycle de l’Assemblée Nationale à « Continuer à faire émerger des champions technologiques. Notre dépendance quotidienne aux outils numériques américains, rendue encore plus évidente par la crise, est une préoccupation pour la souveraineté française. Cela valide l’ambition de longue date du Gouvernement de faire émerger des champions français. Nous devons encore accélérer. »
Gageons que le sursaut de cohésion nationale engendré par cette crise soit suivi de réelles actions…

Vers un comité éthique numérique et cyber ?

Il convient d’inventer d’autres modes de concertations publiques associant les chercheurs, le monde de l’enseignement, mais aussi des philosophes, des anthropologues, des écrivains, des responsables institutionnels, des politiques, pour développer collectivement une responsabilité éthique en matière de numérique et de cyber Ajoute Pierre Oger. Un espace de réflexion et de concertation qui pourrait prendre la forme d’un comité éthique porté par un ministère du numérique… qui n’existe pas encore. De quoi relancer un appel à vœu de toute la communauté, dont Eric Bothorel, député a notamment fait la proposition dans son rapport d’information sur l’avenir de la cybersécurité européenne publié en novembre dernier : « La création d’un ministère de plein exercice permettrait une véritable incarnation politique des problématiques de cybersécurité, tant sur le volet sécuritaire qu’industriel. Une incarnation essentielle si la France souhaite associer des actes concrets à des prises de parole et un positionnement ambitieux. »

La pandémie qui s’abat sur le monde en cette année 2020 nous montre que nous devons penser nos actions dans leur globalité, donner plus de sens à nos projets et à nos actions, et donc à nos innovations en prenant des risques et en faisant preuve de discernement. « De cette période d’incertitude, naitront des innovations profondes, durables et éthiques » Conclut Pierre Oger.

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Le :12 février 2024 18 minutes de lecture

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